Pierre : En 2014, je quitte la France pour devenir Vietnamien !

Pierre B
Traveler On Stage
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6 min readOct 29, 2017

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Bol de rit !

Je vais au Vietnam seul et je choisis de vivre de manière sédentaire afin de prendre le temps de m’intégrer. Les paysages Asiatiques me font rêver et je souhaite vivre avec moins de confort. Le Vietnam est donc un pays propice pour satisfaire mes envies. J’y resterai 3 mois.

Arrivée à Sapa dans le Nord-Ouest du Vietnam. La végétation est magnifique, les montagnes sont sculptées par les rizières en terrasses… Je suis dans un conte de fée.

C’est ici que je vais être professeur d’anglais à Sapa O’Chau, une association tenue par des Hmong, une des nombreuses minorités ethniques vivant au Vietnam.

Difficile de paraître pour un local lorsque tu mesures un mètre quatre-vingt treize et que la taille moyenne des habitants du Vietnam est d’environ un mètre soixante. Cela explique pourquoi ils rigolent tous en me voyant. En fait, c’est génial, ça créer très facilement du lien et ça facilite les rencontres!

Sapa O’Chau possède un café dans le centre-ville et aussi une grande bâtisse, plus haut, dans les collines, où logent les étudiants et les volontaires. J’apprends après quelques semaines que ce logement est une ancienne maison close ; enfin quelque chose qui m’éloigne des hôtels classiques !

A Sapa O’Chau, j’apprends à connaître les étudiants, les membres de l’association et les autres volontaires. Je me sens dès les premiers jours comme à la maison. L’ambiance est décontractée et nous nous organisons pour proposer des cours de qualité aux élèves.

Je suis le professeur de la classe intermédiaire, les étudiants ont déjà des bases en Anglais. Tant mieux car je ne peux pas encore compter sur mon niveau de Viet’ pour échanger et je parle encore moins le Hmong. Et d’ailleurs mon anglais n’est pas si bon que ça… Heureusement, je travaille avec Zoé, une canadienne qui parle évidemment parfaitement anglais.

Je redresse vite mon niveau puisque nous parlons toute la journée Anglais. En même temps, les volontaires sont de nationalité anglaise, italienne, américaine, canadienne… Quelle famille!

Nous profitons aussi du vendredi après-midi pour aller jouer sur le stade avec les étudiants. Jeux collectifs et balle aux prisonniers : c’est vraiment la colonie de vacances!

Le week-end, lorsqu’il ne pleut pas des trombes d’eau, nous partons explorer les alentours avec les volontaires et Luan, l’étudiant le plus âgé. Il nous fait découvrir des lieux inédits pour nos activités plus touristiques. Il nous arrive de tomber par chance sur des cascades magnifiques qui nous rappellent que la région est incroyable.

Parfois, sur la route, nous marchons plusieurs heures avec des femmes revenant du marché. Luan nous permet d’échanger avec elles ce qui nous en apprend un peu plus sur les ethnies de la région. C’est une véritable richesse de voir autant de minorités vivre sur le même territoire.

Retour aux habitudes de la semaine régulièrement perturbées par les cafards et les rats… En effet, un rat a pris l’habitude de nous déranger pendant nos siestes.

Je décide alors de prendre la situation en main qui signifie exterminer notre colocataire. J’enfile mes gants et j’empoigne ma machette. Lorsque je le bloque enfin sous ma table de chevet, je le regarde dans les yeux, il me regarde aussi, je ressens de l’empathie, il comprend, j’ai compris qu’il avait compris… Bref, je le laisse partir.

Après quelques semaines passées à Sapa O’ Chau, une extension du café est en train d’être construite. En tant qu’ingénieur bricoleur, je m’investis dans l’avancée des travaux.

Nous construisons avec une équipe de Hmong le nouveau bâtiment, brique par brique. Je me retrouve à tailler des troncs à la machette qui feront la charpente du nouveau bâtiment. C’est beaucoup de travail mais j’adore cette nouvelle mission!

Evidemment la sécurité n’est pas au programme, ils sont en tongs, perchés à plusieurs mètres de haut et découpent les plaques d’amiante à la meuleuse. On essaye tant bien que mal de leur faire comprendre que certaines choses sont dangereuses mais va expliquer en Hmong que les particules d’amiante sont très cancérigènes. Bref, c’est comme ça qu’on fait ici.

Les travaux avancent et je me sens intégré à l’équipe qui apprécie avoir un grand dans le lot de travailleur.

Dernier week-end à Sapa, nous décidons de grimper le Fan Si Pan, le plus haut sommet de l’Indochine. Nous partons avec notre groupe habituel pour une marche d’une journée, de trente quatre km. C’est éprouvant mais la fierté ressentie au sommet en vaut la peine. Nous avons l’occasion d’observer cinq minutes le panorama incroyable qui s’offre à nous avant que le brouillard vienne interrompre le spectacle. Une photo avec mon pote Luan et on redescend.

A la fin de la marche, en enlevant mes chaussures, mes pieds sont tout blancs, tout fripés : ils ressemblent à des Nems!

Je suis devenu Vietnamien.

Début des Adieux avec les volontaires, Luan, les étudiants, les membres de l’asso et aussi tous ceux que j’ai fréquenté quotidiennement. Je dis au revoir à ma vendeuse de beignet du marché. Elle me demande d’ailleurs de revenir l’année prochaine. J’avais enfin réussi à faire mes courses en Viet’ et a obtenir les prix des locaux!

Je serre aussi dans mes bras la grand mère qui vit à côté de notre bâtisse. On s’appréciait beaucoup. Elle m’a d’ailleurs offert un magnifique bonnet avant mon départ.

Difficile de quitter cet endroit de rêve dans lequel je me sens si bien.

Après trois mois au Vietnam, je rejoins des potes en Thaïlande. L’excitation des premiers jours s’estompe et je comprends que le voyage touristique ne correspond pas à l’esprit dans lequel j’étais parti. Je ne prends pas le temps de rencontrer vraiment les gens, on reste entre potes, j’échange peu avec les locaux et je me sens obligé de visiter un maximum de choses. J’ai l’impression d’avoir tiré un trait sur ce que j’ai construit juste avant.

Rassurez vous, tout va très bien, je descends juste de mon nuage. Je viens de vivre une expérience très marquante.

Durant cette expérience, j’ai compris que l’important dans le voyage n’est pas la destination ni les photos qui font le buzz sur Facebook. Ce qui importe selon moi, ce sont les personnes que tu rencontres et avec lesquelles tu prends le temps de vivre. Le vrai voyage aussi c’est celui où tu es face à des situations difficiles, où parfois tu t’ennuies, où tu te poses des questions existentielles…

Mais en fait, en réfléchissant, notre vie de tous les jours est un voyage!

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