@TOS 6 Paris — La diversité de convictions comme une richesse

Christophe Cadiou
Traveler On Stage
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9 min readApr 24, 2018

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https://youtu.be/d4-rpq8dNKI si vous voulez voir le ToS en vidéo.

Image utilisée pour communiquer sur les réseaux sociaux avant l’événement. C’est un portrait de moi en format paysage, souriant, regard face à l’objectif, sourire pleines dents, devant une mosaïque et un père et son fils, à l’entrée de la mosquée Hassan II, à Casablanca, au Maroc.

Les photos sont présentées avec des hashtags (#) et des mots-clés, que je détaillerai en-dessous de chaque photo, pour l’audiodescription.

https://youtu.be/d4-rpq8dNKI

#Identité. J’ai utilisé la même photo que précédemment mais avec un angle plus vaste. On aperçoit mieux l’entrée principale et notamment la porte immense de la mosquée Hassan II. Un groupe de femmes se situe à droite de l’image . La photo a été prise en selfie, juste avant la prière de l’après-midi (al-’asr).

Bonjour. Je m’appelle Christophe. Je suis particulièrement ravi de vous parler ce soir. Je vais vous parler ce soir d’un projet qui s’appelle Interfaith Tour Africa. Un voyage qui a déjà eu lieu, l’été 2016 avec deux objectifs :

  • faire vivre à l’équipe un projet de vie commune, non pas malgré mais grâce aux différences ;
  • et interviewer des responsables religieux, politiques, sociaux, culturels, environnementaux et entrepreneuriaux, bref toutes celles et ceux qui agissent pour la cohésion sociale, le vivre ensemble et la Paix.
#Equipe. La photo est l’unique représentation des trois membres de l’équipe. Elle a été prise dans le premier avion de Marseille à Tunis le 1er juillet 2016 par une voyageuse. On aperçoit Héléna au fond, Saïkou au centre et moi au premier plan. Face à nous sont les écrans au dos des sièges du rang précédent. Nous venons juste d’embarquer.

L’équipe est composée d’Héléna, jeune femme, Française, musulmane, Normande, vingt ans, étudiante juriste, passionnée d’athlétisme et de lecture ; de Saïkou, Guinéen, vingt-cinq ans, étudiant à Toulon, qui aime la cuisine asiatique et le foot de rue avec les réfugiés, et qui se déclare libre-penseur ; et moi, 35 ans, Breton, catholique, qui aime parler, prendre des photos et l’économie sociale et solidaire.

#Aventure. La carte représente la partie Nord-Ouest de l’Afrique. Elle matérialise nos déplacements prévus par pays successifs, ainsi que les dates théoriques de séjour sur place, en moyenne dix jours.

On part tous les trois dans une aventure avec un défi : à l’hiver 2015, six mois avant le départ, on ne se connaît pas. Et on va aller visiter l’ensemble des pays sur la carte au-dessus, et interviewer celles et ceux qui agissent pour la diversité.

#Equilibre. La photo est prise à l’entrée de la Grande mosquée de Kairouan en Tunisie. On distingue les piliers de l’entrée de part et d’autre de la photo. On aperçoit à droite en bas le minbar extérieur, dans la cour intérieure. Ainsi que le minaret ocre au fond.

Tunisie, 1er Juillet, première claque : il fait trente degrés la nuit, près de quarante à quarante-huit degrés Celsius la journée. Au départ de Marseille, j’ai chargé trente kilos de bagages. Pour celles et ceux qui ont voyagé, vous savez ce que ça signifie à porter. J’ai quinze kilos de cadeaux en plus de mes affaires dans un sac à dos. C’est la période de Ramadan. Je suis le seul à ne pas jeûner et pourtant je morfle sévère. Toute sortie de chez notre hébergement est un effort. On souffre toutes et tous, mais ensemble.

#Unité C’est l’entrée de la Grande synagogue de Tunis, vue depuis la rue. On distingue des barrières devant, la grande maguen David (étoile de David) ainsi qu’une inscription du nom de D’ieu en hébreu à lire en effet miroir depuis l’intérieur, au centre de la photo. Les murs sont blancs et hauts. On ne perçoit la beauté des vitraux que de l’intérieur.

Au Maroc, dix jours après, la claque qui vient c’est notre rencontre avec un rabbin qui une fois en confiance nous parle de l’attaque à la hache au visage qu’il a subie et que depuis, son combat est de rester vivre sur place et d’éviter qu’il y ait un caractère anxiogène au sein de sa communauté.

#Pluralité Voici Saïkou à gauche, chaussé de ses lunettes, cheveux façon San Goku, et notre caméra en main, interviewant Ahmed Ghayat, à droite, devant les grilles du Consulat français au Maroc. Un bouquet de fleurs est accroché aux grilles en second plan.

Trois jours plus tard, l’équipe est devant le Consulat de France au Maroc. Suite aux attentats qui ont eu lieu à Nice le 14 juillet, on se retrouve à interviewer Ahmed Ghayat, fondateur de l’association Marocains Pluriels, qui nous témoigne de son identité musulmane et marocaine, et également de l’importance qu’il y a là de jouer la carte de la pluralité tous ensemble.

#Célébration Me voici chapeauté d’un fez, typique chapeau rouge marocain, emprunté aux musiciens qui jouent des airs traditionnels. Des mosaïques derrière moi, à droite de la photo. A gauche de la photo, on aperçoit des invités de la noce du couple d’amie et ami qui sont nos hôtes ce soir-là. Enfin, l’occasion de sortir nos plus belles tenues, enfouies et protégées dans nos sacs de voyage.

En comparaison à cette ambiance pesante en début de voyage, le point le plus positif alors est d’être invité au mariage d’un couple d’amis. Ce que je perds en eau et sueur, je le gagne en huile et en pâtisseries.

#Mémoire Je regarde au loin, de profil, la baie du port de Dakar, depuis la navette qui nous ramène à terre depuis l’île de Gorée. Le soleil est couchant, au second plan.

Là, vous me voyez serein, regardant au loin. Beau gosse ! L’équipe est au Sénégal. On fait la traversée depuis l’Ile de Gorée, retour après une visite. Je vous ai dit que je suis Breton. Je ne vous ai pas dit que j’ai le mal de mer. Cela aurait été trop beau, évidemment. Trente minutes de traversée, je bouillonne à l’intérieur. Mais ça valait vraiment le coup de voir ce point historique sur l’Humanité !

#Coutumes Le panneau qui illustre la photo indique que cette partie de Bobo-Dioulasso, ville artistique du Sud-Ouest du Burkina-Faso, a une histoire qui peut être tracé depuis le onzième siècle. On peut y trouver la maison et l’autel du fondateur de ce village.

Douze ans après un premier voyage au Burkina-Faso, j’y reviens. Et notamment là, on plonge dans les religions traditionnelles africaines. Personnellement, avant les chefs coutumiers que je rencontre, mes seules références concernant les fétiches, c’est Kirikou ! Ce qui les fait rire. J’enchaine avec le fait qu’en Bretagne, des religions traditionnelles locales, je ne connais que Panoramix et Astérix ! Dommage !

#Fraternité Je pose en compagnie d’un membre de la famille de Saïkou, le jour où on se rend compte que l’on porte le même tee-shirt offert par la Commission Pour la Réconciliation Nationale de Guinée, sans s’être prévenus auparavant. A part la couleur de peau, rien ne nous distingue l’un de l’autre.

Ce voyage ne peut se faire que par un esprit de fraternité. L’équipe est ensemble. Entre nous, on est d’accord pour ne pas être d’accord ! Profondément, on a rien en commun, à part trois choses :

  • on ne boit pas de café,
  • on ne fume pas et
  • on ne boit pas d’alcool !

Ce qui nous soude finalement.

#Dépassement. L’illustration est la photo de l’écran de télévision qui retransmet l’entrée du champion français de judo Teddy RINER sur le tatami, lors des Jeux Olympiques de Rio. Merci à la chaîne TV5 Monde qui nous permet de voir le match en direct.

Ce qui nous soude également, c’est la passion d’Héléna pour l’athlétisme et donc les Jeux Olympiques. Et arrivés en Côte d’Ivoire, c’est l’étape la plus courte. Pourtant, alors même que nos divergences viennent se creuser, la plus grande crise que l’équipe va traverser se produit à cause d’une clé USB.

Donc, merci à Teddy et toute la délégation française aux JO pour nous remonter le moral à ce moment-là. On pleure de joie quand il gagne et d’horreur lorsque l’on perd la connexion parce qu’il pleut trop et que l’on est sans électricité. Heureusement, on verra la finale en replay et on célébrera ensemble quelques heures après.

#StarTélé Je suis en tenue traditionnelle guinéenne avec un haut col rond et des motifs gris, noirs, jaunes et blancs. Je souris à la personne qui prend la photo. Au second plan, l’animateur et journaliste Sorel Keita se trouve devant le logo de l’émission Kolomatin de la chaîne RTG.

A Conakry, je suis là en photo sur le “Télématin” local, “Kolomatin” ! Il est 7h du matin, je suis en tenue traditionnelle. On va être interviewés pendant 30 minutes. Hasard du calendrier de nos rendez-vous, deux heures après, je pitche notre projet devant le Ministre de la Jeunesse de la République de Guinée, pendant trente minutes. C’est improbable car on n’avait pas pris rendez-vous officiellement.

#Hospitalité La photo montre une table garnie de la plus vaste diversité de plats de notre aventure : salades, haricots verts, riz blanc, sushis, diverses sauces et mets. C’était un petit reflet de tout le buffet du dîner que nous avons partagé après un culte protestant sur le Campus de l’Université Al Akhawayn, au Maroc.

L’hospitalité est essentielle pour ce voyage. L’équipe vit chez les habitants, avec les habitants, afin de mieux comprendre leurs réalités locales. L’équipe n’est pas venue imposer un modèle ni des idées, mais bien de comprendre ces réalités. Ce point de vue est essentiel. D’autant que l’équipe terminera son parcours dans la propre famille de Saïkou en Guinée.

#Entreprenariat Cinq hommes sont en terrasse d’un bar à Casablanca. Au second plan, deux clients discutent. Au premier plan, Saïkou et moi interviewons Reda Sakhi, entrepreneur marocain au chapeau. La caméra est sur le trépied. C’est Héléna qui prend la photo.

Reda que vous voyez sur cette photo est entrepreneur. Il fait partie de la communauté MakeSense. Je ne sais pas si vous connaissez, c’est une communauté d’entrepreneures sociales et d’entrepreneurs sociaux dans le Monde. Son témoignage va être phénoménal, car il va nous ouvrir des portes de compréhension transversale sur la jeunesse en Afrique, qui voit des problématiques, trouve non seulement des solutions, mais des solutions pérennes et locales.

#Rayonnement La photo a été prise à la volée. Elle représente un graffiti au Maroc, sur un mur de rue où sont garées deux voitures. La citation graffée en rouge est “Entre l’amour et la haine, l’union et la division, il y a des principes et des devises.”

Le voyage, comme vous l’avez vu, a un très joli logo. Cela fait partie des cadeaux que l’on offre. Ce sont les fameux quinze kilos de bagages en excédents que je porte. Ce sont des totebags et des badges à l’effigie du lion. Si vous repérez les personnes qui portent ces logos durant vos prochains voyages en Afrique, vous pouvez trouver des ambassadrices et des ambassadeurs de Paix.

#Communauté Le mur est situé à l’Université Félix Houphouët Boigny, à Abidjan, en Côte d’Ivoire. Un paysage maritime est dessiné. Le ciel et les nuages sont de couleurs grisées, bleutées avec des touches rouges et orangées. A gauche de la photo, la citation suivante “La Paix n’est pas un mot, c’est un comportement.” trouve sa place sur l’illustration d’un livre ouvert. Et à droite de la photo, on trouve le dessin d’une colombe blanche qui vole, bat des ailes et porte un rameau d’olivier.

Ce qui me réjouit maintenant, c’est des voir des jeunes Marocaines et Marocains et des jeunes d’Afrique sub-saharienne qui se sont rencontrés, afin de se connecter et promouvoir les idées, sans passer par l’équipe à l’origine du projet.

#ComingOut L’image représente un carnet intitulé “Se connaître, se respecter” sur les relations islamo-chrétiennes. Il est illustré par un dessin de groupe de personnes les bras ouverts.

Je n’ai jamais autant cité mon identité complète : nom, prénom, âge, conviction, nationalité, ville de résidence, région de naissance, etc … que durant ces 62 jours et nuits. Bien plus qu’à l’accoutumée, au quotidien et même parmi mes années de militance associative précédentes.

En suis-je sorti blessé, heurté, mis à mal ? Non, au contraire, et c’était plutôt un sentiment de soulagement qui se dégage ! Je pense que cette aventure et nos témoignages quotidiens m’ont renforcé dans une volonté que toute personne puisse le faire aussi librement, pas juste moi, pas uniquement une aventure extraordinaire. Personne ne devrait à avoir à cacher une partie de qui elle ou il est, quelque soit ce qu’est son identité.

#Futur L’image représente une fresque murale de Martin Luther King Junior, les mains jointes en prière, avec en fond le drapeau des USA et une citation “Nous devons apprendre à vivre ensemble comme des frères, sinon nous allons tous mourir comme des idiots.” Le mur est situé à l’Université Félix Houphouët Boigny, sur le bâtiment du Centre régional pour l’Education à la Paix, à Abidjan, en Côte d’Ivoire.

Je finirai avec deux citations :

  • celle de Martin Luther King : “Apprenons à vivre comme des frères, sinon nous allons mourir comme des idiots.”
  • et Antoine de Saint-Exupéry qui a écrit : “Si tu diffères de moi, mon frère, loin de me léser, tu m’enrichis.”

Pour moi, ce sont les maîtres-mots de ce voyage. Alors que six mois auparavant, nous étions des inconnus, j’ai gagné avec ce voyage une sœur et un frère en humanité !

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Bonus : voici mes réponses aux deux questions posées par le public, en fin de soirée.

  • Es-tu toujours en lien avec tes deux amie et ami ? Quelles sont vos relations ?

Héléna et Saïkou vivent respectivement elle en Normandie et lui à Toulon. J’ai envoyé un SMS à Saïkou après mon passage pour le rassurer que ça s’était bien passé. L’équipe communique via Skype et Messenger à peu près dix-huit fois par jour. Pour ce pitch ToS, je me suis détaché un peu de ce que j’avais prévu, mais je leur avais fait tout valider auparavant. Evidemment, on continue d’avoir les mêmes problématiques sur lesquelles nous sommes en désaccord.

  • A la fin du voyage, as-tu réussi à te peser pour savoir le nombre de kilos que tu avais pris ?

Je vis à Paris, chez des propriétaires charmants, qui me louent un appartement au cinquième étage, sans ascenseur. Arrivé le 1er septembre, avec en tête tous les impératifs de boulot car je reprends mon emploi juste ensuite, c’est en bas de chez moi, au pied de l’immeuble que je me rends compte qu’il me manque le digicode, que je suis au bout de ma vie et que je n’ai aucune idée des chiffres et lettres du code, et qu’il se met à pleuvoir. Une misère. Heureusement, mes proprios étaient réveillés et m’ont répondu vite.

Je n’ai pas monté les cinq étages d’une traite. J’ai plutôt fait cinq traites. Arrivé au troisième étage, j’étais plus qu’essoufflé. In fine, au retour, je n’avais pas encore touché mon salaire du mois. J’ai donc fait tous mes déplacements à pied, ne pouvant pas prendre ne serait-ce que mon pass Navigo mensuel. A mon retour à Paris, j’ai perdu cinq à six kilos.

Une anecdote si vous voyagez de façon internationale, bien souvent il y a des transports publics et privés. Les hôtes ou les inconnu.e.s ne vous laissent que rarement le choix de marcher à pied. Parce que les destinations sont éloignées. Parce que c’était Ramadan et qu’il faisait 48°C en plein soleil, je bois peu, je mange trop, je ne me dépense pas. Au Maroc et au Sénégal, si vous avez la peau claire, ça n’est pas vous qui prenez le taxi, mais c’est le taxi qui vous prend ! Il vous klaxonne :

  • “Eh, le blanc, pourquoi tu marches ? ”
    - “Parce que j’ai des jambes ! ”
    - “Tu vas où ? ”
    - “Juste là, à dix mètres.”
    - “Allez, monte. Le quartier est dangereux.”
    - “Non, le quartier n’est pas dangereux. Je vis là depuis dix jours. J’ai mes habitudes.”
    - “Allez, monte.”
    - “Non, merci. Je n’ai pas d’argent.”
    - “C’est pas grave, monte quand même.”
  • Des anecdotes comme ça, j’en ai encore un paquet !

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J’espère que l’article ici vous a plu. Et si vous avez des questions, merci de me les faire parvenir : en commentaires Medium, via mes réseaux sociaux, via Traveler on Stage ou via Interfaith Tour Africa.

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