Voyage en terre sédentaire
Toulouse Tos #17
Bonjour, voici mon quotidien, je vis dans les bus longues distances, trains, trams et chez l’habitant.
J’ai choisis d’être nomade en avril 2017 entre Bruxelles, Paris et Toulouse. Me voilà en Flandre, en novembre dernier pour rejoindre un ami, et l’accompagner en Allemagne. Ce projet tombe à l’eau en arrivant chez lui …
… et j’ai l’opportunité de rester dans sa maison. C’est la première fois depuis le printemps que je reste plus d’une semaine quelque part. Au début, je me sens déboussolée, mon mental ne comprends pas, il n’y a plus de planning à tenir sur les endroits où dormir et les trajets à prévoir. Je me confronte à ma première grande peur : être face à moi même dan la solitude et l’ennui.
Coupée du monde et vivant un quotidien quasi-monastique, les jours se ressemblent, rythmés par de longues heures d’autoanalyses, d’optimisation alimentaires et de repos.
C’est la traversée d’un désert social. Les rares moments de sorties sont au supermarché du coin où les « goedemorgen », « alsjeblieft » et « dankjewel » sont les seuls mots que je connaisse en néerlandais et le peu d’échanges humains.
Cette plongée dans les abysses de mon inconscient me rend malade. Je marche sur ces terres immenses, sur les étendues de sable de la solitude, pendant plusieurs semaines.
Début décembre, une oasis apparaît, pour étancher ma soif d’ailleurs.
J’émerge dans le festival de l’aventure de Bruxelles.
Je me rends compte que le voyage me colle à la peau en ayant l’opportunité d’être bénévole à ce festival. Ici, aventuriers amateurs, explorateurs professionnels et survivalistes de l’extrême côtoient le public de près. J’apporte ma contribution en aidant à l’accueil et je file assister aux conférences.
Ma 2eme grande peur est de voyager seule en dehors de l’Europe. Même si je bouge beaucoup entre la France et la Belgique, ces pays sont un cocon pour moi. Pourtant j’aspire à aller loin ! En discutant avec différents aventuriers, ma confiance augmente et l’espoir de dépasser mes craintes aussi. Même ce rêve d’aller en Antarctique devient possible avec Dixie Dansercoer, guide des cercles polaires.
Mon cœur s’emballe pour les coins du monde extrêmes. Au delà des peurs il y a des rêves. J’en ai fait un à l’âge de 12 ans, celui de créer des circuits pour les agences de voyages. Avec le recul, c’était ce qui se rapprochait le plus du métier d’aventurier dans les catalogues d’orientation du collège.
Malheureusement l’environnement et l’entourage étaient en désaccord avec mes aspirations. Plus je me connais et plus se rêve devient consistant dans cet appel du départ. L’immobilisme me permet de prendre conscience de ce véritable amour du mouvement. Pour partir légère et éviter d’emporter des bagages émotionnel problématiques à l’autre bout du monde, j’opte pour un nettoyage « chamanique »
Car dans la vie, je suis apprenti chamane, un lien entre le visible et l’invisible dotée de certaines capacités extra-sensorielles. J’ai l’opportunité de participer à une cérémonie autour du cacao sacré du Pérou. Nous sommes deux jours avant le jour de l’an de 2017 et …
… Ironiquement je me retrouve dans le dernier village où j’ai habité, en campagne wallonne. Je vous présente Andorah, la chamane qui accompagne notre groupe chez elle pour vivre plus de 6H de cérémonie, de rituels, de prières, de connexion à soi et aux esprits.
Nous entrons dans l’obscurité de la nuit, à la lueur des bougies, immergé dans les effluves de sauge sacrée, à la rencontre de …
… la médecine du cacao, aussi intense que physique. Rien à voir avec les plantes hallucinogènes, ni avec le chocolat occidental que nous connaissons. Le goût est amer, ça prends ma langue, par sa présence, je salive, j’ai envie de vomir. La crise de foie d’il y a trois jours n’arrange rien à mon état.
Les gorgées du cacao sont entrecoupées de prises de rapé. C’est un mélange de cendre de tabac et de poudre d’écorce d’arbre sacré du Brésil. Andorah souffle cette poudre directement dans mes sinus. Les fluides se libèrent, je prends le seau commun pour y déverser un torrent de salive et des rivières de larmes. Des émotions inconscientes partent.
Le cacao vibre dans mon système digestif et bloque au niveau de mon plexus. Le rapé permet d’accentuer la sensation du moment présent et aide à dissoudre ce blocage. Les chants et tambours sont de précieux alliés et m’aident à éviter de vomir le peu de choses logés dans mes entrailles.
Dans la nuit, impossible de dormir, les sinus et mon ventre me font savoir qu’ils existent bel et bien. Je sors du dortoir assez vite, appelée par le feu. Je dors à même le sol, sur mes fourrures devant le poêle. Je rêve au rythme des bûches qui se consument, lorsque l’une finie de brûler je me réveille et en met automatiquement une nouvelle.
Cette nuit j’ai littéralement nourri par le feu mes rêves. La cérémonie sacrée m’as permis de conscientiser et accepter ma place dans le milieu du chamanisme et des aventuriers. J’entame même la guérison d’une blessure profonde d’abandon. Nous sommes à l’aube de 2018, après un nouvel an bruxellois et je me prépare pour descendre sur Toulouse et réaliser ce ToS.
J’ai voyagé dans mes souvenirs, mes désirs, mes sensations corporelles, mes rêves et mes peurs. L’ennui et la solitude sont devenues des alliés voir des professeurs.
Vous vous êtes sûrement senti perdu en lisant mon histoire, et si c’est le cas, j’ai réussi à vous partager ce que recherche et ressentent certains voyageurs.
Savoir se perdre c’est accepter le moment présent.
J’aime cet attrait vers l’inconnu qui me déstabilise et me permet de vivre un quotidien extraordinaire. Ce voyage intérieur m’as rendue plus forte, m’as guéri sur plusieurs point, m’a permise d’éviter de me fuir et devient le moteur de mon départ au mois de mars vers l’Indonésie, en bus, à pied, à cheval, je m’en fiche. Je continue mon chemin …
… à la rencontre des guérisseurs, de chamanes, de savoirs et de cités oubliées, au final de vivre des situations fantastiques.
Pour finir ce ToS je souhaite vous partager 2 pensées.
Une de Gandhi « Le plus grand voyageur n’est pas celui qui a fait 10 fois le tour du monde, mais celui qui a fait 1 seule fois le tour de lui même. »
La 2eme plus personnelle : « Nourrissez vos rêves d’enfant, vivez-les, prenez des risques pour eux afin d’éviter qu’ils ressurgissent au moment où vous vous y attendez le moins. »
Merci
