Voyager à l’intuition

Emilie David
Traveler On Stage
Published in
7 min readDec 14, 2017

--

Toulouse TOS #16

Bonsoir, moi c’est Émilie, alias la Femme Tortue. J’adore ma liberté, mais je la trouve aussi difficile car elle implique de faire des choix, et qui dit choix dit sacrifice et frustration. Du coup, mon mode de voyage préféré, c’est le voyage à l’intuition. Aucune destination, aucune réservation, juste mes pieds et mon pouce pour avancer, et mon intuition pour décider où je vais.

# Truc Magique

Mais l’intuition, c’est quoi, me direz-vous ? Au début, je ne sais pas trop non plus. Ça ressemble un peu à un truc magique, comme si une force inconnue décidait tout à coup à ma place. Vous voyez ces moments où on avance au feeling et où tout roule comme sur des roulettes ? Ce sont eux qui me donnent envie de partir comme ça, pour voir jusqu’où je peux aller, et comment cette fameuse intuition fonctionne, justement.

# Voyage test

Je pars donc en 2015, sans date de retour, pour aller au bout de l’expérience. Mais avant ça, je pars une première fois deux semaines en 2014, comme un brouillon, pour me tester. Et c’est pendant ce premier voyage que j’apprivoise mon intuition.

# Bibles

Premier départ, donc. Avant de partir, je relis l’Alchimiste et la Prophétie des Andes, deux bouquins qui parlent de l’intuition à leur manière. Puis je tends le pouce au feu rouge devant chez moi. Sauf que c’est une route qui va dans deux directions opposées, donc il faut bien faire un premier choix. Les bouquins conseillent entre autre d’être attentif aux pensées récurrentes.

# Castres

Or, je pense à Castres depuis plusieurs semaines sans savoir pourquoi, donc je pars vers Castres. A Castres, j’ai vécu des moments forts 8 ans avant, mais là, aucune idée de ce que je vais y trouver. Une fois sur place, premiers moments sans objectif : où vais-je ? Que fais-je ? Bon, en premier, je mange. C’est toujours rassurant et ça laisse du temps pour se ressaisir.

# Où aller ?

Ensuite, je cherche à ressentir quelque chose : ben oui, l’intuition, c’est quand même censé être un truc à l’intérieur de soi. Mais : rien, c’est le souk là-dedans, rien de clair n’émerge. Je regarde autour de moi, cherche un signe extérieur. Mais dans cet état d’esprit-là, pour le coup, tout est signe ! La voiture qui tourne à droite, l’oiseau qui s’envole à gauche, le panneau au-dessus de ma tête…

# Suivre ses pieds

Alors pour finir, j’actionne mes pieds : je me dis qu’ils sauront bien où aller, eux. Et là, miracle ! Ils vont bien quelque part ! Juste pas en ligne droite… Donc après quelques détours, je me retrouve… devant le local de l’association géniale dont je faisais partie 8 ans plus tôt. L’intuition serait-elle donc juste mon inconscient qui me ramène dans des endroits que j’aime bien ?

# Souvenirs

Au moment de repartir, l’artiste qui occupe l’atelier d’à côté sort. On se reconnaît, on tchatche, et il m’invite à revenir avec mon meilleur ami, qui présidait l’asso. The coïncidence. Il aurait pu ne pas sortir, ne pas me parler, ne même pas être là… Là, je commence à frémir d’impatience : je ne sais pas où je vais et j’ai hâte de savoir comment la suite va se dessiner !

# Panneaux

Mes pensées spontanées m’orientent vers la mer, l’Italie et le Lot en même temps. Je continue donc ma marche sans but, en évitant de regarder les panneaux pour ne pas être influencée. Je précise que je ne décide vraiment pas de mon orientation, je suis littéralement mes pieds. Résultat : j’atterris devant les panneaux Mazamet, Béziers : depuis Castres, c’est la route de la mer.

# Fil

Par la suite, j’essaie quand même de forcer l’itinéraire de mes pieds, pour voir. Mais au fur et à mesure que je lâche prise, je sens de plus en plus nettement une sorte de fil qui part de mon ventre et me tire dans une direction, et une force, comme un mur invisible, qui m’empêche d’aller ailleurs. Donc au final, l’intuition serait aussi quelque chose de physique. Mon esprit doit faire confiance à mon corps.

# Stop

Après la marche, il y a le stop. Là, c’est censé être plus facile puisque ce n’est pas moi qui choisis la destination : je n’ai qu’à suivre le conducteur. Et en effet, ma volonté de contrôle a beau tenter de reprendre le dessus, rien n’y fait : impossible d’aller vers Florence, en Italie, ma destination choisie. Au final, je me retrouve à Como… ville dont on m’a parlé quelques jours plus tôt, comme par hasard.

# Train

Deux jours plus tard, je suis dans le train. Direction : Bologne. Et je me retrouve dans une petite ville, Fiorenzuola, parce que le contrôleur a bien voulu me laisser descendre là vu que je n’avais pas payé mon billet… Je retends le pouce, et dans la voiture qui s’arrête, je rencontre Pawel et Bea. LA rencontre : Pawel me propose une douche.

# Pawel et Bea

Jusque là, je n’aurais pas osé accepter. Mais je me suis fait draguer par deux types relous la veille, j’ai passé la soirée à la gare de Milan, plutôt super mal fréquentée, et j’ai dormi sous un pont qui sentait l’urine, dans le vent et la pluie… Autant dire que j’ai besoin de me sentir un peu en sécurité, et que j‘accepte son invitation. Et finalement, Pawel m’héberge (et me nourrit !) trois jours, et Bea me parle d’énergies et d’intuition, comme par hasard.

# Intuition ?

A ce stade, je mets le mot “intuition” entre guillemets parce que je ne crois plus au fait que tout dépende seulement de moi. Dans l’Alchimiste, une phrase dit : “Quand tu veux quelque chose, tout l’univers conspire à te permettre de réaliser ton désir.” L’intuition consisterait alors à écouter cet univers, qui nous oriente par des signes, des sensations et des rencontres. Là, le voyage devient carrément mystique.

# Bologne

Le plus fou, c’est Bologne. Quand j’y arrive, il fait nuit et je me pose des questions sur l’amour. Je suis à nouveau mes pieds, et j’arrive devant un vieux bâtiment en pierre dont la porte est éclairée mais fermée, sans inscription. Quelqu’un vient m’ouvrir : c’est le centre gay et lesbien (amour !).

# Églises

Je pense aussi beaucoup aux églises. En stop, on passe devant une cérémonie en extérieur : j’arrête mon chauffeur, je la rejoins, et je passe un moment très fort dans la foi italienne. Puis j’ai une sorte de vision : boire un calice dans une crypte. En marchant, je trouve une autre église. J’entre, j’en fais le tour. Au fond, il y a un accès au sous-sol (crypte) qui contient le trésor de l’église, dont deux calices…

# Bardi

J’en passe et des meilleures. Plus tard, à Bardi, je suis mes pieds et ils m’amènent dans un champ. Au milieu du champ, il y a un ruisseau, je ne le vois pas mais quand j’y arrive, je suis pile au niveau d’un pont qui permet de le traverser. Pour finir, j’arrive sur la route que je voulais prendre, beaucoup plus vite que si j’avais suivi les panneaux. En bref, c’est un truc de fou…

# Un seul chemin

Pour conclure, avant de partir, je trouvais qu’être libre était difficile parce qu’il fallait toujours choisir. Mais avec ce voyage, j’ai découvert qu’en suivant son “intuition”, il n’y a aucun choix à faire, parce qu’il n’y a qu’un seul chemin qui nous correspond vraiment. Il est juste loin d’être rectiligne, et demande une immense confiance en ce qui peut arriver !

--

--