Traveler On Stage de 0 à 1

Ou comment cette incroyable aventure a commencé.

Bertran RUIZ
Traveler On Stage

--

[Edit 1 : Je mettrais cet article à jour tous les ans pour ajouter année après année l’Histoire du TOS]

Weekend TOS National octobre 2016

2009–2014 : l’inspiration

De 2009 à 2011 j’ai eu la chance de vivre 3 expériences qui ont changé mon regard sur le monde : 4 mois avec mon sac à dos en Argentine, 6 mois en stage en Uruguay et 5 mois d’Erasmus en Irlande.

En 2010 j’ai découvert le format pecha kucha en Uruguay lors d’une pecha kucha night à Montevideo. J’ai adoré ce format ! C’était vivant, contraignant et vraiment original ! Je me suis dis :

“C’est fou comment la contrainte d’un format sublime notre créativité ! ”

Et voilà, rien de plus. Mais c’est resté dans un coin de ma tête.

En revenant, je me suis rendu compte que le voyage avait aussi changé mon regard sur le quotidien. La curiosité est peut-être le meilleur billet d’avion… En école supérieure tout nous pousse à partir, moi j’allais partir au Canada, je trouvais ça calme et sympa puis Simon Vacher m’a dit “ Mais mec tu vas vraiment aller là-bas, t’es sûr ? Pars plutôt en Amérique du SUD ! ” C’est ça le déclic, mon déclic : pourquoi ne pas partir au hasard ? De toute façon c’est pareil : partir ça reste partir. Cet instant où tout est possible : le déclic. En rentrant j’ai alors eu envie de créer ce déclic, de créer un mouvement qui donne la force du premier pas, sans jugement. Je me suis pris à rêver d’un monde où une fille de 15 ans n’a pas peur de partir toute seule en voyage, de donner envie de faire du stop sans avoir peur de l’inconnu, mais surtout, que cela soit normal de partir en voyage dans son quartier. D’un côté le voyage “loin” n’a jamais était autant accessible grâce aux compagnies lowcost, et d’un autre il est de plus en plus difficile de s’évader de notre quotidien. Nous construisons nos propres prisons.

En 2014 j’ai participé à plusieurs événements de voyageurs sur Paris et dans d’autres villes dans lesquels je ne me suis pas du tout reconnu : il y avait des gens extraordinaires qui avaient fait des choses encore plus extraordinaires… Moi, j’avais pris l’avion pour la première fois à 20 ans pour faire un saut en parachute… Ça la fout mal pour la génération Ryanair et Erasmus. Moi j’étais bien chez moi. Je n’avais fait qu’un seul grand voyage, en 2009, alors bon, je ne me considérais pas comme un grand aventurier. D’ailleurs j’ai trouvé cette façon de promouvoir le voyage assez exclusive : comment s’imaginer partir, comment faire le premier pas quand ce pas-là est bien trop grand pour soi ? Convaincre des convaincus, sensibiliser des gens qui le sont déjà, discuter entre grands voyageurs… Je ne m’y retrouvais pas.

Durant l’année 2013 j’ai découvert un mouvement vraiment incroyable : Discosoupe. Un événement festif, lancé par de jeunes foufous, voulant sensibiliser de manière festive et fun les gens et eux-mêmes au gaspillage alimentaire. La sensibilisation n’est elle pas un apprentissage continu ? Le format, la façon de faire, la manière de communiquer, la façon de prendre des décisions… Tout était incroyable. Surtout pour quelqu’un ayant fait une école d’ingénieur… Pendant plus de 2 ans je me suis vraiment investi dans le mouvement et j’y ai découvert une école. Si je devais citer les personnes qui m’ont le plus appris : laura thierry qui a su m’expliquer par A+B comment le mouvement Discosoupe s’est lancé et les détails qui étaient indispensables à sa réussite, Caro Delboy qui représente pour moi le leadership-collaboratif-no bullshit par excellence, Tinou de Manioc qui a su par l’exemple me montrer comment allier énergie et bienveillance pour dynamiser un mouvement. Avec Discosoupe je me suis rendu compte qu’un nouveau type de mouvement était né, une organisation percutante, collaborative, efficiente et qui s’internationalise rapidement. Discosoupe est présente dans plus de 20 pays et possède un vrai impact : plusieurs dizaines de milliers de personnes ont participé à une Discosoupe. Si vous n’en n’avez jamais fait, prenez 1 h 30 un week-end et regardez si il n’y en a pas une près de chez vous !

Tous les éléments étaient là : le format (merci l’Uruguay), la vision (des voyageurs ordinaires pour créer le déclic : le voyage c’est avant tout un regard sur le monde), la façon de fonctionner (merci Discosoupe), il ne manquait qu’un élément déclencheur et beaucoup d’optimisme pour le lancer ! J’en ai encore parlé à Simon Vacher (mon co-pilote des projets un peu dingues) et il m’a dit un truc du genre “ bai ouais go, pourquoi pas mec ?” Bon bai voilà, il fallait le lancer.

2014 : le tout 1er TOS

Allez, let’s go, on va organiser un TOS. Il nous faut une salle, des voyageurs qui veulent bien parler dans un format un peu contraignant, un public. Pour me donner du courage je me dis que si je trouve un voyageur qui est d’accord pour parler, alors c’est bon. Je ne sais plus trop comment mais j’apprends que dans les semaines qui arrivent il y a un salon du voyageur à Toulouse. J’y vais donc faire un tour et là je rencontre Siphay de Solidream. À cette époque, ils ne sont pas du tout connus, du moins pas par moi, et je lui explique qu’un événement de voyageurs va avoir lieu dans 2 mois à Toulouse. Je lui explique le concept et de manière assez simple il me dit que c’est ok pour lui. Voilà voilà, je me retrouve avec un voyageur, maintenant il me faut une salle ! À ce moment-là je connais un lieu les imaginations fertiles”. Ils ont une salle où, à vue d’oeil, elle peut contenir 100 personnes. Je me dis top ! Je vais les voir et de manière super sympa ils sont super chauds ! Ils ont besoin de faire connaître le lieu et ce genre d’événement leur plait ! À ce moment-là ils me présentent Jean-Lou Fourquet qui a pas mal bougé et qui est toujours partant pour tenter de nouvelles choses. Je discute quoi, 2 minutes, et hop j’ai un second speaker ! C’est la folie !

Bon, maintenant j’ai une salle, une date le 10 avril 2014, et deux speakers. Il me faut donc plus de speakers et du public ! J’en parle à tous mes copains, je bois des bières tous les soirs avec le plus de monde possible pour trouver des voyageurs et ramener du public. J’harcèle aussi mon ancienne école, sans grand succès ! Mais petit à petit je trouve des gens ordinaires qui, en creusant autour d’une bière, me révèlent leurs des expériences extraordinaires. Je me rends compte à ce moment-là que c’est vraiment les gens ordinaires qu’il faut sublimer. C’est devenu un mantra pour moi :

“Si vous prenez le temps avec les gens humbles et simples vous découvrez des trésors insoupçonnés pour vous mais aussi pour eux-mêmes.”

J’arrive à 8 voyageurs que j’aide par téléphone à faire leur récit, oui oui par téléphone… Certains comme Jean-Lou ou Siphay n’ont pas eu un seul échange avec moi. Pour eux, le format était clair il fallait juste rentrer dedans, c’était le jeu ! Avec 8 voyageurs je me dis quand même que ça serait cool d’en avoir un de plus. Simon est à côté, il râle un peu et finit par céder ! Hop, j’ai 9 voyageurs et une salle, c’est le pied !!! Sauf qu’à 15 jours de l’événement je n’ai que 18 personnes dans la salle… Ah oui, la place coûte 5 euros. Pourquoi ? L’année d’avant j’avais lancé un event sur Toulouse en me disant “les gens viendront et ça sera 5 euros sur place” : résultat des courses il y a eu 100 personnes de moins que prévu, j’ai perdu 200 euros et quand vous êtes au RSA depuis 1 an, ça pique et ça démotive ! Du coup, pour éviter ce problème je mets la place à 5 euros comme ça, pas de soucis d’argent. Puis go ! J’appelle les radios, la presse, je vais voir l’Office de tourisme de Toulouse Métropole… Hop ! On passe sur Allo la planète : 20 personnes en plus en deux jours ! Je suis content mais ce n’est pas suffisant… Alors je fais une entorse à mon apprentissage précédent : je mise 120 euros de ma poche en faisant des Facebook Ads... Et là, bim ! En 5 jours nous remplissons la salle ! Nous serons 120 !

C’est le jour J, nous sommes tellement à l’arrache qu’on arrive le matin à 9h en mode “WarRoom” pour faire l’installation, acheter à manger, à boire, faire la déco et aussi monter le powerpoint de tous les speakers : j’ai reçu les powerpoints des voyageurs dans la nuit...

19h les gens arrivent, on essaye avec Simon de les recevoir au mieux. Des copains arrivent un peu plus tôt pour nous donner un coup de main. On est tellement heureux ! On commence à voir le stress chez les speakers, j’ai un doute : j’aurai du mieux les préparer. Certains me demandent si les 20 secondes entre chaque slide ce sont vraiment 20 secondes. Je me dis : j’ai merdé. Hop, je regarde qui stresse le moins : Jean-Lou. Je me dis “parfait ça sera le premier à monter sur les planches”. 1 an plus tard il remettra ça…

20h, la salle est pleine à craquer, il va falloir présenter Traveler On Stage : je suis complètement lessivé mais tellement heureux ! Alors je prends le micro et je monte.

Je n’avais pas de discours préparé mais je voulais insister sur trois points, que j’ai répété en boucle :

  • C’est le premier TOS et il n’y en aura pas d’autres si vous ne venez pas organiser le second.
  • Ce sont des gens ordinaires qui montent sur scène, cela pourrait être votre frère, un ami, un collègue de travail.
  • Le TOS c’est X * 1 voyageur ordinaire * 18 slides de 20 secondes chacune.
Le 1er TOS avec la Déco made in à l’arrache le matin même

C’est parti : les voyageurs montent sur scène, c’est le pied ! À un moment l’un d’entre eux est bloqué sur scène pendant 3 slides, je m’en veux beaucoup. J’aurai du l’aider un peu plus à préparer son pitch... À part ça, la soirée est géniale, les gens adorent.

Je sens que c’est le début d’une aventure de dingue.

2014 : Le second TOS, le début de la TRIBU

Suite à ce premier TOS, nous lançons 15 jours plus tard un TOS Drink, un événement où toutes les personnes qui sont intéressées pour en savoir plus sur le TOS peuvent venir. Nous sommes une dizaine !

Nous décidons alors d’organiser un second TOS le mois suivant pour lancer la dynamique ! Trop facile avec une dizaine de personne tout est plus beau et plus facile ! Les premières questions fusent : Qui cherche les speakers ? Comment faire ? Qui communique ? Qui sait faire des affiches ? Qui a du matos pour filmer . C’est le moment ou le TOS devient un beau “Nous”.

Ce TOS là en magique, nous le faisons dans le même lieu que le premier, mais les regards ont changé. Le TOS est devenu un bien commun, une aventure collective. Nous ne savons pas pourquoi mais l’énergie de faire ensemble nous anime et nous sentons que ce n’est juste que le début.

2014–2015 : la première année du TOS à Toulouse

Un mois après c’est le début de l’été et avec la Tribu nous allons boire un verre. Nous décidons (de manière complètement sobre et réfléchi) de faire un truc de fou : dans un an nous ferons un TOS avec 1000 personnes, c’est bon, c’est acté ! Quand je repense à ça je me dis que les beaux défis se lancent sur un coup de coeur. Heureusement qu’il y avait Claire, Lolo, Alex, Simon, Méli, Rachel pour y croire dur comme fer !

Cette année est vraiment top : en 375 jours nous organisons 6 TOS et remplissons à chaque fois des salles de 200 personnes. On était capables de remplir une salle de 200 personnes en moins de 4 jours ! Toute une tribu se créée, à chaque TOS ce sont 3 ou 5 têtes en plus qui nous rejoignent au quotidien.

Nous concevons rapidement que la manière dont nous faisons les choses est aussi importante que ce que nous faisons. Nous inscrivons dans notre identité quelques façons d’être et de faire :

  • Nous utilisons un groupe Facebook car 99% des gens consultent Facebook 1 fois dans la journée : sans ça, impossible de créer une communication interne accessible.
  • Toutes les communications sont publiques : pas de message privé (mail / texte / whatsapp). Pourquoi ? Toutes les questions et leurs réponses peuvent aider d’autres personnes à comprendre tel ou tel point. La transparence est un point crucial. Si cela arrive, nous demandons à la personne de poster sa question sur le mur du groupe Facebook.
  • Un post Facebook par sujet : toutes les questions relatives à ce sujet sont postées en commentaires.
  • Le jour J du TOS nous communiquons la date du prochain TOS drink qui a lieu 15 jours plus tard : cela permet aux gens motivés de venir plus facilement !
  • À chaque TOS Drink les plus vieux prennent le temps d’échanger avec les nouveaux et d’expliquer le fonctionnement du TOS. On évite de parler juste entre nous, même si on en a très envie !
  • Même s’il y a deux responsables de la tâche, on cherche tous des speakers pour le prochain TOS :-) !
  • C’est mieux de bloquer les salles et dates 6 mois à l’avance : comme ça pas de stress pour la tribu.
  • La tribu et ses individus sont bienveillants : toute attitude qui ne l’est pas doit être systématiquement soulignée par l’ensemble de la tribu.
  • Le coaching des voyageurs : c’est d’abord faire grandir les individus.
  • Si personne ne veut le faire alors personne ne le fait.
  • Si quelqu’un ne veux plus faire quelque chose sur lequel s’était engagé, alors il est alors responsable de trouver notre remplaçant.
  • Au début d’un TOS nous rappelons toujours : l’histoire, ce qu’est le TOS, que tout le monde peut en organiser un et peut venir nous nous parler à la fin du TOS !
  • Tous les voyageurs qui veulent avoir leur vidéo doivent poster leur pitch sur Medium. Hé oui, pour faire connaitre le TOS il faut le diffuser.

C’est bête mais ça fonctionne. Deux petites lectures que je vous recommande vivement : La cathédrale et le Bazar & livre Tribu. Si nous arrivons à appliquer cela à des projets “hors développement software” alors nous aurons fait un grand pas !

Juin 2015 : le TOS 1000

Pourquoi un TOS 1000 ? Pour trois raisons assez simples :

  • Le défi de faire venir 1000 personnes à un TOS : ça soude une tribu, promis !
  • Pour faire venir un max de personne de toutes les villes de France : nous voulons que le TOS fasse des petits partout partout !
  • Parce que c’est le kiff !
La magie du TOS opère ..

Le projet avance en filigrane tout au long de l’année, c’est excitant pour tout le monde ! Nous y voilà le TOS 1000 arrive je vous passerai les détails mais 7 jours avant nous avons un avis de tempête et nous devons trouver une salle qui peut nous héberger. Hé oui, nous avions voulu faire un TOS 1000 dans un des plus beau parc de Toulouse… Sauf que maintenant, nous sommes 650 et il faut rentrer dans une salle… Bon, c’est pas la folie mais avec Simon nous trouvons une salle, ouf ! C’est bon, nous sommes le 13 juin 2015 et nous commençons le TOS par une Discosoupe comme un petit clin d’oeil à notre grande soeur !

650 personnes sont là, assises par terre et dehors il fait orage. Nous ici, à ce moment, nous sommes heureux. Il y a des parisiens, des bordelais, des Montpelliérains… La magie prend, c’est le début du TOS France !

2015–2016 : le TOS à Bordeaux, à Paris, en Inde au Vietnam et en Bulgarie !

Des amis et voyageurs qui sont venus au TOS 1000 se chauffent pour lancer le TOS à bordeaux et Paris.

Je participe au premier TOS drink de Paris : nous sommes 3 :-) Stéphane, Bruno et moi. Mais ça prend ! Avec Simon nous aidons la team, qui s’agrandit vite, à distance. Et c’est le jour J le premier TOS Paris, Simon est là, moi je suis bloqué à Toulouse. C’est le pied, le premier TOS en dehors de Toulouse, vous vous rendez compte !

Rapidement, ils enchainent. Les TOS Paris, Bordeaux se lancent grâce à Clément et Eolia qui ont participé au TOS 1000 du 13 juin. Simon est contacté par Rositza de Bulgarie, oui oui de Bulgarie ! Elle a participé à un TOS Paris et veut faire pareil chez elle, c’est magique ! Simon l’aide à distance, et hop ! Leslie, Thibault et Simon vont en Bulgarie pour le premier TOS Bulgarie ! Quelques mois plus tard, Émile, un Toulousain parti en Inde lance le TOS Inde, et le Vietnam commence juste après. Petit à petit le TOS grandit !

En octobre 2016 nous décidons de tous nous retrouver car nous ne nous connaissons pas tous de visu ! C’est le premier week-end TOS national. Où nous avons mis à jour la constitution du TOS : le Manifestos. C’est le document de référence du TOS. Avec lui, vous avez connaissances des éléments à respecter pour organiser un TOS.

2017 : La caravane du TOS en France , la caravane du TOS en Bulgarie et le TOS Montreal !

En cours de vie ..

Promis, vous en saurez plus rapidement.

Cette aventure ne fait que commencer, et nous avons tout pour en faire une grande et incroyable histoire !

Aujourd’hui, en septembre 2017, le Traveler On Stage est présent en France, en Inde, au Vietnam, en Bulgarie au Canada et bientôt en Espagne. Ce sont plus de 40 événements qui ont rassemblé plus de 10 000 personnes. Tout ça, sans subventions, ni privées ni publiques, et en à peine 3 ans. C’est assez incroyable, ou pas d’ailleurs quand on voit l’extraordinaire énergie que peut déployer une tribu. La tribu s’agrandit tous les jours car Traveler On Stage est un événement que tout le monde peut organiser, même toi ! Il suffit de respecter le Manifestos, notre constitution.

Si vous voulez rejoindre cette merveilleuse tribu et nous aider à faire du voyage une façon d’être vous pouvez :

Il n’y a pas de petit voyage : c’est avant tout un regard différent sur la vie, un état d’esprit à cultiver.

B.

--

--

Entrepreneur Activist. Work like a captain, play like a pirate. Love member @TravelerOnStage & Director at @IOTValley